vendredi 27 avril 2012

Film noir à Odessa de Ryan William

Après sa dernière enquête en 1936, l’inspecteur Korolev est décoré et montré en exemple. Un an plus tard, il n’a toujours pas l’esprit tranquille. Car si l’on découvre la portée de cette enquête, il risque la déportation. Une nuit, on frappe à sa porte. Ce n’est pas la Sibérie qui l’attend, mais le colonel Rodinov qui lui demande d’enquêter sur le suicide suspect de Maria, une jeune citoyenne modèle travaillant dans le cinéma. Korolev est envoyé en Ukraine où il retrouve ses amis Babel, l’écrivain, et le « comte » Kolya, le roi des Voleurs. L’inspecteur débarque alors sur le tournage du film, dans les paysages sinistres d’une région ravagée par la guerre. Décor parfait pour un film noir à Odessa.

C'est avec plaisir que je me suis replongée dans les aventures de l'inspecteur Korolev, découvert l'an dernier dans Le Royaume des voleurs grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux Editions des Deux Terres.



J'ai retrouvé dans ce nouvel opus tous les ingrédients qui m'avaient charmé dans le précédent. Pour commencer, ce cher inspecteur, fidèle à lui-même, droit et consciencieux, décidé à mener à bien l'enquête qu'on lui a confié malgré les pressions sous-jacentes et constantes qui sont de mises dans cet univers soviétique tendu. Certaines informations qui lui apparaissent au cours de l'enquête pourraient lui coûter la vie et celles de ses proches mais il cherche tout de même à mener à bien son enquête malgré le danger. 

Film noir à Odessa c'est aussi tout une ambiance formidablement bien retranscrite de l'union soviétique dans ses terribles années, quand les tensions politiques supplantent le bien être du peuple, quand la religion est brimé par l'Etat et qu'il est dangereux pour n'importe qui d'en faire mention, quand la modernisation côtoient les pénuries alimentaires. Pour moi, c'est une des forces de cette série, de pouvoir nous ramener à cette époque avec autant d'authenticité et surtout que l'on arrive à ressentir tout cela à travers les mots de l'auteur. C'est aussi un cadre très bien planté avec des paysages et des décors décrient de tel manière que l'on peut facilement se les imaginer sans avoir mis les pieds en URSS. Il est d'ailleurs possible de se plonger un peu plus dans cette atmosphère sur le site de l'auteur.

La difficulté des thrillers avec des personnages récurrents restent de savoir se renouveler suffisamment  pour éveiller la curiosité du lecteur et le garder en haleine. Après seulement deux aventures il est difficile de dire si Ryan William a cette capacité mais on peut espérer que oui. Pour ce second tome, il a su transposer son héros dans un tout autre décor, garder certains repères du premier, amener de nouveaux personnages (qui pourraient devenir eux aussi récurrent) et développer une enquête dans un tout autre contexte que la première. Une enquête qui, bien que commençant un peu lentement, va nous emmener sur plusieurs pistes, pas forcément en lien avec la mort à résoudre mais qui contribuent à poser le contexte et petit à petit à dévoiler le coupable. 

En bref, un thriller très prenant, un héros à suivre, une atmosphère oscillant entre révoltes et oppressions, et un auteur à découvrir !

Editions les Deux Terres 
336 pages
Sorti début Avril 2012

1 commentaires:

Yv a dit…

Je partage absolument tout ce que tu en dis : j'aime beaucoup lorsque les polars sont plus qu'une simple enquête : un contexte historique ou politique. Vivement le prochain, pour peu qu'il soit du même niveau